Célébration de la Journée mondiale de l’eau en Haïti
Aux Cayes, 22 mars 2023
Dans une note commune -portant la signature des organisations et institutions telles que: Kolektif Jistis Min (KJL), Plate- forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), Konbit Ayisyen pou Lojmam Altènatif (KAYLA), Plate- forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), ENQUET’ACTION (E’A) et Konbit Ekolojis Sid(KES), elles ont tous prôné la jouissance du droit d’accès à l’eau potable et l’assainissement pour tous (es) en Haïti à l’occasion de la 30e célébration de la journée mondiale de l’eau.
Lisez l’intégralité de la note :
Port-au-Prince, 22 Mars 2023, Haïti
Note de Presse
Pour la jouissance du Droit d’accès à l’eau potable et l’assainissement par tous et toutes en Haïti
À l’occasion du 22 Mars, Journée mondiale du Droit d’accès à l’eau potable et l’assainissement, nous, institutions et organisations signataires de cette note, nous saluons le courage et la détermination des mouvements sociaux populaires à travers le monde qui, au péril de leur vie, dénoncent la privatisation de l’eau et luttent contre leur pollution, particulièrement par les grandes entreprises transnationales.
Nous constatons que :
- En dépit des Conventions et Pactes internationaux établissant le droit à l’eau potable et à l’assainissement en tant que droit fondamental de la personne humaine, en Haïti, l’eau potable n’est pas accessible à la majorité de la population ;
- Selon un rapport de l’ONU en 2017, 42% des haïtiens ont encore un accès limite à l’eau potable et 72% ne disposent pas d’assainissement adéquat.
- Sur tout le territoire, seuls 12 % des ménages ont accès à l’eau potable sur leur lieu de résidence, et en milieu urbain beaucoup ont recours aux services du secteur privé pour l’accès, ce qui augmente les dépenses annuelles des ménages.
- L´accès à l´eau potable est encore plus limité dans les régions rurales où 48 % de la population est sans accès à un point amélioré
- L’inventaire national des infrastructures d’eau potable réalisé en 2017 montre l’accès à l’eau dans la Grande-Anse se situe autour de 28% alors qu’il est autour de 52% dans les départements du Sud et Centre. Dans l’Artibonite les taux d’accès varient entre 7% et 74%, et dans la Grande Anse entre 0% et 55%.
- Pendant que la majorité de la population meurt de soif, le commerce privé de l’eau devient de plus en plus florissant ;
Nous, signataires de cette note, dénonçons la privatisation de l’eau en Haïti par Gouvernement haïtien, comme orientation de sa politique économique et commerciale sous la dictée des Institutions financières internationales, pendant que la grande majorité de la population haïtienne devient de plus en plus pauvre, incapable d’accéder à l’eau, cette ressource indispensable à la vie ;
Nous dénonçons également l’orientation des politiques publiques mises en œuvre par par l’Etat haïtien visant à renforcer des mégaprojets grands consommateurs et pollueurs d’eau tels que l’exploitation minière, les usines de vétivers, les zones franches industrielles, les zones franches agroindustrielles, en lieu et place d’une politique de protection et d’eau à l’eau.Le problème d’accès à l’eau et à l’assainissement pour la grande majorité de la population est donc le résultat de choix politique, économique et commercial de l’État haïtien qui priorise le profit de quelques-uns à travers la la marchandisation de l’eau comme ressource stratégique au détriment de la vie de la grande majorité de la population, vivant principalement dans le milieu rural et les quartiers populaires.
Face à l’irresponsabilité de l’Etat haïtien, aux violations flagrantes et systématiques du Droit à l’eau et à l’assainissement par l’État haïtien ;
Face à la logique du TOUT POUR LE PROFIT des entreprises multinationales
Face au mépris caractérisé pour la vie et le bien-être des populations ;
Nous, signataires de cette note, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau et de l’assainissement, nous lançons un appel pressant à la mobilisation pour :
- Exiger de l’État haïtien le respect des Conventions et Pactes relatifs au Droit à l’eau et à l’Assainissement, en mettant en place des politiques publiques favorables à la jouissance de ce droit sur tout le territoire national ;
- Exiger la nationalisation, la réparation et la modernisation des systèmes d’eau existants, tant dans les zones rurales que les zones urbaines pour garantir un accès équitable à l’eau pour tous et toutes sans distinction aucune ;
Nous réitérons notre engagement à lutter contre la privatisation de l’eau et contre tout type d’activités susceptibles de contribuer à la pollution de l’eau et de l’environnement tels que l’exploitation minière, les zones franches industrielles, les usines de vétiver, les monocultures, etc.
Nous nous engageons à la mobilisation citoyenne pour arriver à construire des réseaux citoyens de défense du droit à l’eau et à un environnement sain à travers le pays, contre la marchandisation de l’eau et de nos espaces de vie.
L’eau est un élément vital, un bien commun qui ne peut pas et ne doit pas être ni une marchandise, ni privatisé !
Non à l’industrie minière !
Non aux proliférations des zones franches industrielles, des usines de vétiver qui constituent un danger sur la qualité et la quantité de l’eau potable et une menace à la vie en générale !
Les organisations et institutions signataires de cette note
Kolektif Jistis Min (KJM)
Plate-forme d’Organisations Haïtiens des Droits Humains (POHDH)
Konbit Ayisyen pou Lojman Altènatif (KAY LA)
Plate-forme haitienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA)
ENQUET’ACTION
Konbit Ekolojis Sid (KES)